Le PACTE, c’est NON !
Halte au massacre du peuple palestinien !

Le PACTE, c’est (toujours) NON !

Billet d’humeur
Lundi 23 octobre 2023 — Dernier ajout dimanche 3 décembre 2023

La Macronie avait promis une revalorisation des enseignants, la mesure phare est le fameux Pacte, appelé en réalité « part fonctionnelle », ce qui fait quand même moins penser au diable. Curieusement, c’est globalement un bide, les enseignants n’ont pas voulu être revalorisés, c’est-à-dire bosser plus pour gagner plus. Peut-être parce que ça n’a rien à voir avec une revalorisation.

Le Pacte enseignant s’avère être finalement en grosse partie un échec, ce qui explique peut-être que le ministère ne semble pas trop pressé de donner des chiffres. Il faut aller les chercher dans un sondage réalisé par un syndicat. Résultats : début septembre, seulement un quart des Pactes prévus ont été signés, un peu plus, presque 30 %, dans les lycées professionnels qui viennent de se prendre une réforme inique. En lycée général, 15 % seulement des missions ont trouvé preneur, et pour cause, depuis la réforme Blanquer les enseignants sont à bout et les emplois du temps un casse-tête. Dans 30 % des établissements du second degré, personne n’a signé de Pacte. Enfin, une bonne moitié des établissements n’ont obtenu des signatures que pour 10 % des Pactes « offerts/plaisir d’offrir ».

Il faut dire qu’ils ne sont vraiment pas bons rue de Grenelle, ou à l’Elysée, on ne sait plus trop : après 7 ans de réformes pourries, de mépris, d’humiliations et d’invisibilisation de la profession, ils n’ont rien trouvé de mieux que de nous proposer un « Pacte », du latin pactus, participe passé de pacisor qui signifie « faire la paix » : il faut donc comprendre que nous étions « en guerre » ! Dans ce contexte d’inflation et de non revalorisation depuis une vingtaine d’année, la paix s’achète avec quelques piécettes. Ces feignasses de profs, qui se gavent de temps libre, allaient forcément pactiser, fût-ce avec le diable ! Et c’est ce que font celles et ceux qui sont étranglés financièrement : les mères célibataires par exemple ou les personnes qui vivent là où les loyers sont intenables, on ne peut pas vraiment dire qu’elles aient signé de leur plein gré.

Une victoire pour qui ?

On le croyait à terre, dur à mobiliser, désespéré et replié sur lui-même. Mais le prof a su faire preuve de clairvoyance (le statut est en danger), de réalisme (travailler plus, mais quand ?) et d’amour propre (être un paillasson, c’est pas une vocation) ! Donc oui, si c’est quand même en partie un fiasco pour Gaby, ben… ça ressemble à une victoire pour nous, non ? Bon on va pas s’affoler non plus, parce que clairement la lutte des classes, ça prend du temps (pour la gagner !), mais on ne va quand même pas bouder notre plaisir, ça n’arrive pas si souvent. En tout cas là-haut, forcément ils tombent de haut : des profs mal payés et plein de temps libre qui refusent de travailler plus, dans un cerveau néolibéral, on ne comprend pas.

Le chantage au Pacte, c’est encore non !

Alors forcément, dans les bureaux, du ministère ou du palais, ils n’ont pas trop aimé ça. Et ça a cogité. : « Au fait c’est quoi le plan B quand la grosse ficelle ne marche pas vraiment ? » s’interroge le stagiaire du ministère – « Ben on vous apprend quoi à Science Po ? Le passage en force petit ! » lui répond le directeur de cabinet. A quand le Pacte obligatoire …

Et c’est vrai qu’ils sont spécialistes en la matière, faut pas se mentir : une charge de CRS ou un bon vieux 49.3, y’a que ça de vrai en Macronie. Et pourquoi pas essayer le chantage au Pacte, avec des chefs bien zélés, biberonnés au management, et des profs pleins de conscience professionnelles qui signent parce que leur cœur saigne de voir des élèves sans prof ? A se demander si les rectorats ne punissent pas les établissements qui n’ont pas assez signé de Pacte en n’envoyant pas de remplaçants, toute stratégie est bonne à prendre.

Donc attention, l’opération « Il faut sauver le Pacte quitte à couler le navire » a commencé : « pas de Pacte, pas de classe coopérative » ; « pas de Pacte, pas de financements des oraux blancs du bac » ; « pas de Pacte pas de sorties scolaire » ; « pas de Pacte, pas de voyage », etc. Conclusion, on a bien compris le message, pour nous ce sera : « Pas de Pacte, pas de Pacte ! ».

Et attention à la méthode roublarde, petit conseil pour pas se retrouver pactisan sans le savoir : regardez bien tout en bas de votre VS s’il y est écrit « Part fonctionnelle de l’ISOE », vade retro pactanas, il s’agit bien du Pacte qu’on essaye de vous refiler sous le coude ! Dans ce cas, retournez voir la direction pour dire que vous ne pactiserez jamais et/ou contactez-nous.

Et déjà les dérives apparaissent : des profs qui font (ou plutôt essayent de faire) des cours dans des matières qui ne sont pas la leur, des chefs qui demandent à tous les profs d’une matière d’aligner leur progression pour faciliter les remplacements, des élèves perdus qui ont eu un cours sur un tout autre sujet en plein milieu de la séquence, des collègues qui sont à temps partiel, notamment dans le premier degré, pour prendre des heures de Pacte, mieux payées. Et déjà les effets délétères dans la vie des établissements : on se regarde soupçonneux (« T’aurais-t’y signé ou pas toi ? Que je sache si je te parle encore. ») et des collègues qui rasent les murs pour ne pas que ça se sache. Divide et impera qu’il disait César, ça marche plutôt bien.

Bref, à SUD Lutte de Classes éducation, on est contre le Pacte, et contre le bénévolat. Par conséquent, on réclame des moyens, des vrais, avec des vraies cotisations (pour nos retraites), des vraies augmentations, des recrutements sous statut, une titularisation sans condition de tous et toutes les précaires.

Pacte toujours non - tract SUD LDC éduc Gre (23.10.23)
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