Voici une chronologie succincte des événements pour comprendre l’histoire d’une séparation difficile :

• début 2022, des adhérents de SUD éducation – académie de Grenoble ont créé des syndicats concurrents SUD éducation Isère et SUD éducation Savoie-Haute-Savoie, avec l’appui de la commission exécutive de la fédération SUD éducation et sans informer le syndicat. Malgré l’impossibilité statutaire qu’il y ait des syndicats coexistant sur la même zone géographique, la fédération SUD éducation a intégré (en mars 2022) ces nouveaux syndicats SUD éducation 38 et 73-74, et désintégré (en juin 2022) le syndicat historique SUD éducation académie de Grenoble (existant depuis 1997) en lui ordonnant de se démanteler en SUD éducation 07-26 et que son siège quitte Grenoble.
• le 1^er juillet 2022, n’étant plus reconnu et son autonomie bafouée, SUD éducation académie de Grenoble a entériné qu’il ne pouvait plus faire partie de la fédération SUD éducation. Il a aussi décidé de modifier une partie de son nom en SUD Lutte de classes éducation afin de se « démarquer » et pour réaffirmer la lutte de classes comme marqueur politique. Et son nouveau logo se distingue clairement de celui de SUD éducation.
• A l’automne 2022, SUD Lutte de classes éducation a monté des listes aux élections professionnelles sous sa propre bannière. La fédération SUD éducation lui a alors envoyé une première mise en demeure lui demandant de ne plus utiliser le nom SUD et de renoncer aux élections. Évidemment, SUD Lutte de classes éducation a choisi de conserver le nom qu’il s’est donné et de faire valoir ses droits à représenter les travailleurs-travailleuses. Alors que tout était sur le point d’être validé par le ministère, la fédération SUD éducation a contacté et fait pression sur le ministère pour refuser notre candidature, ce que le ministère a fait (un recours a été déposé, mais le jugement au fond n’est pas encore connu)
• Dans la foulée, le rectorat de Grenoble (avec l’aval du ministère) a refusé à SUD Lutte de classes éducation son droit à communiquer aux personnels. Mais SUD Lutte de classes éducation a obtenu gain de cause pour communiquer à nouveau (décision du tribunal administratif de Grenoble, 5 septembre 2023).
• Courant 2023, la fédération SUD éducation s’est aussi opposée à la participation de SUD Lutte de classes éducation aux intersyndicales ou collectifs de lutte.

Avec ce harcèlement constant, est-ce que la fédération SUD éducation est inquiète que SUD Lutte de classes éducation puisse s’exprimer librement ?

Avec cette nouvelle menace, la fédération SUD éducation se place sur un terrain commercial. Quelle curieuse conception du syndicalisme où les adhérents seraient vus comme des clients et des parts de marché à conquérir ! Au contraire, à SUD Lutte de classes éducation, nous pensons qu’avant l’étiquette, l’important est de syndiquer pour se défendre collectivement ; et que les luttes doivent se mener dans l’unité avec celles et ceux qui se battent.

Surtout, la fédération SUD éducation n’ignore pas que l’histoire syndicale regorge de scissions où les différentes parties ont conservé une partie de leur nom :

• les CGT, CGT-U, CGT-FO
• les CNT, CNT-AIT, CNT-SO
• il y a même eu une CFDT lutte de classes avant la création de certains SUD

En effet, il est tout-à-fait logique que chaque partie se sente héritière de ce qu’elle a portée pendant nombre d’années.

A l’instar de toutes les luttes pour l’émancipation que nous soutenons, SUD Lutte de classes éducation continuera de se définir comme il l’entend et de revendiquer l’égalité des droits entre syndicats.