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Vidéo-surveillance dans les collèges d’Ardèche : on n’en veut pas !

Motion de CA des personnels d’enseignement et d’éducation du collège Alex Mézenc au Pouzin
Dimanche 28 mai 2023 — Dernier ajout lundi 3 juillet 2023

La section Ardèche de SUD éducation académie de Grenoble soutient la motion des personnels d’enseignement et d’éducation du collège Alex Mézenc au Pouzin sur l’installation d’un dispositif de vidéo-surveillance. Elle a été déposée au Conseil d’administration du 12 avril 2022. Nous publions ci-dessous leur communication.

Motion des personnels d’enseignement et d’éducation du collège Alex Mézenc sur l’installation d’un dispositif de vidéo-surveillance

Conseil d’administration du 12 avril 2022

Nous avons découvert à la rentrée 2021 qu’un dispositif de surveillance vidéo des accès au collège avait été installé durant l’été (4 caméras et des écrans de restitution installés en vie scolaire, au secrétariat et à la cantine). Après avoir reçu ultérieurement en conseil d’administration (CA) et commission hygiène et sécurité (CHS) des informations sur les objectifs et le fonctionnement du dispositif, nous estimons que cette installation pose de sérieux problèmes, sur la forme comme sur le fond.

Sur la forme, nous sommes mis devant le fait accompli : le dispositif est installé sans que le CA ait été informé au préalable, il lui est demandé de valider la décision a posteriori. Cette procédure témoigne au mieux, d’un dysfonctionnement contraire aux principes démocratiques, au pire, d’un mépris à l’encontre du CA qui n’est pas une simple chambre d’enregistrement, mais bien une instance décisionnelle.

Sur le fond, nous sommes opposés à la mise en place de cette surveillance vidéo des accès de l’établissement pour plusieurs raisons :

 Tout d’abord, elle nous semble inutile. Le risque d’intrusion, en particulier terroriste, longuement exposé en CHS par le représentant du département pour justifier l’installation du dispositif, reste à un niveau infiniment faible.

 D’autre part, quand bien même une intrusion aurait lieu (terroriste ou autre), nous ne comprenons pas ce que la surveillance vidéo y changerait. À supposer que quelqu’un regarde les écrans de restitution à l’instant précis de l’intrusion, le déclenchement de l’alerte ne serait avancé au mieux que de quelques secondes. Il faut sans doute rappeler que ni la secrétaire ni les agents de la restauration ni les AED ne sont spécialement disponibles pour surveiller des écrans.

 La « protection » qu’est censée apporter la surveillance vidéo est illusoire, y compris pour la prévention des incivilités et dégradation qui restent jusqu’à ce jour heureusement assez rares aux abords du collège Alex Mézenc. Plusieurs études* ont montré que la vidéosurveillance n’a qu’une très faible efficacité : les caméras ne dissuadent pas les passages à l’acte et l’on ne constate pas de baisse des incivilités dans les espaces ouverts où sont installées les caméras. Elles ne permettent pas non plus d’augmenter significativement le taux de résolution des affaires judiciaires.

 L’installation des caméras de surveillance dans un lieu d’éducation est un mauvais signal envoyé aux élèves. En plus d’être anxiogène, elle constitue une restriction des libertés. La présence de caméras induit l’idée auprès de nos élèves que le collège ne serait pas un lieu sûr, ou pire encore, que nous ne leur ferions pas confiance. Or, la relation pédagogique que nous construisons au fil du temps avec nos élèves ne peut se faire sans cette confiance réciproque entre enseignants et apprenants. N’oublions pas que notre mission est de former des citoyens libres et responsables dans le cadre le plus serein possible. La présence des caméras ne contribue pas à l’amélioration des conditions de vie au collège et au développement des capacités d’épanouissement des élèves nécessaires aux apprentissages. En fait, en utilisant les caméras pour communiquer sur la sécurité, le Conseil Départemental place nos élèves dans un climat liberticide de contrôle permanent.

 Enfin, nous contestons le choix politique et financier annoncé à grand renfort de communication de généraliser la surveillance vidéo dans les collèges ardéchois - choix qui va coûter 3 millions d’euros d’argent public aux finances du département. Ce n’est pas de ce genre de moyens dont nous avons besoin pour assurer la sécurité de nos élèves, mais de personnels nombreux et disponibles qui sont à même de veiller, de prévenir, de rassurer, de sécuriser matériellement et psychologiquement. En effet, la sécurité suppose des moyens, mais pas des caméras !

Dans ce contexte, la priorité à la surveillance vidéo nous semble en complet décalage avec la réalité. Elle contribue à entretenir de façon artificielle des craintes non fondées sur des menaces terroristes diffuses et à installer un climat de défiance et de surveillance généralisée qui ne peut qu’aggraver les tensions. Notre collège ne doit pas devenir une forteresse, c’est tout le contraire : éduquer c’est ouvrir sur l’extérieur et le monde. La culture est le seul rempart contre les peurs.

* https://www.lagazettedescommunes.com/781640/une-etude-de-la-gendarmerie-met-en-doute-lefficacite-de-la-videosurveillance/

* https://www.cairn.info/revue-apres-demain-2010-4-page-28.htm

Motion vidéo-surveillance collège
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